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La Collection gore et maniac
25 septembre 2005

Gore: Interview de Richard D. Nolane, auteur du gore n.118

richard_d.nolane

Richard D. Nolane

(Photo: Sabine Larroque)

Richard D. Nolane (de son vrai nom Olivier Raynaud) est un être polyvalent. Il se définit sur son site comme: "Auteur, traducteur, scénariste BD, anthologiste, rédacteur en chef de revues et directeur de collection à temps plein depuis le début des années 1980." Sur cette présentation fournie pourrait être ajouté dernier auteur publié dans la collection Gore avec les "Démons d'Abidjan". Chose qui aurait pu ne pas se faire comme il l'explique si bien dans cette interview. A vous la parole, M. Nolane!

- Comment avez-vous été amené à rédiger les "Démons d'Abidjan" pour la collection gore?

La première version de ce roman, plus longue et pas conçue comme un «Gore», avait été écrite au début des années 1980 pour un projet de série, avec d’autres personnages principaux du type détective de l’occulte, destiné à Plon/Gérard de Villiers et qui ne s’est pas fait. Mais cela m’a fait entrer dans la maison puisqu’on m’a confié ensuite la rédaction de la série Blade qui venait de s’arrêter aux USA. Ce n’est que plus tard que je me suis dit qu’il y avait peut-être là de quoi faire un livre pour «Gore» et je l’ai repris de A à Z en changeant les personnages. Mais le problème était que Daniel Riche m’avait mis sur sa liste noire après la critique terriblement négative que j’avais fait des quatre premiers titres dans la revue Fiction et j’ai cru comprendre qu’il a jeté directement mon manuscrit à la corbeille sans l’avoir même ouvert dès qu’il a vu mon nom dessus... Ce n’est que lorsque j’ai appris l’arrivée de Juliette Raabe à la direction que j’ai tenté à nouveau ma chance.

- Vous avez situé votre roman en Côte d'Ivoire. Or, il semble que vous y ayez vécu. Vous êtes vous inspiré de votre propre expérience pour écrire ce livre?

Oui, j’ai habité deux ans à Abidjan, de 1968 à 1970. Une expérience extraordinaire. C’est dire à quel point je suis horrifié de voir ce qui se passe en Côte d’Ivoire… Je me suis donc inspiré de tout ce que j’avais vu en le remettant à niveau pour que cela se passe dans la fin des années 1980. Je n’ai guère eu de difficultés car j’ai toujours gardé le contact avec des amis vivant là-bas.


- A la lecture du livre, il est fait de manière omniprésente référence à la corruption existante dans le pays. Etait-ce une manière de dénoncer le comportement des autorités de l'époque que de la mettre au coeur du livre ?

Tous ceux qui ont séjourné en Afrique savent que la corruption y règne d’un bout à l’autre de la chaîne sociale. Elle fait partie du paysage. Pour donner un simple et édifiant exemple, lorsque nous étions à Abidjan, il y avait toujours une cartouche de cigarettes américaines dans la boîte à gants de la voiture car c’était un des bons moyens d’amadouer les policiers sur la route. Des policiers qui ne touchaient pas régulièrement leur maigre solde et qui n’avaient pas les moyens de se payer ce genre de cigarettes alors que nous, nous les avions détaxées…  Pour tout, c’était comme ça ! Le bakchich et le trafic d’influence sont des institutions… J’ai lu quelque part que la corruption aurait baissé ces dernières années en Afrique. J’avoue que j’ai cependant un peu de mal à y croire compte tenu de ce que je vois aux informations et de ce que je sais par les gens que je connais là-bas…


- La créature de votre roman est en fait issue d'une malédiction appelée "Les six visages du Djéti-tié"? Est-ce de votre invention ou cette légende existe-t-elle vraiment?

C’est de mon invention. Une sorte de clin d’œil à toutes les histoires d’aventures africaines plus ou moins mâtinées de fantastique qui ont bercé ma jeunesse.


- Plusieurs romans de la collection ont été coupés pour être au format de la collection. Est-ce le cas pour votre livre?

Coupés ? Le mot est faible… Pour certains, on peut parler de passage à la tronçonneuse ! C’était d’ailleurs un des points que j’avais dénoncé (plutôt vigoureusement) dans la critique de Fiction qui m’a brouillée avec Daniel Riche. En ce qui concerne Les démons d’Abidjan, je l’ai envoyé au format. Mais Juliette Raabe m’a demandé de rajouter quelques passages «saignants» car elle trouvait que c’était un peu court de ce côté-là… Mon «Gore» est donc un des rares à avoir été rallongé ! Et, aux dires de certains, également un des rares à avoir une véritable intrigue. Mais peut-être est-ce justement parce que le texte originel avait été conçu comme un thriller fantastique et non comme une succession de scènes de boucherie reliées entre elles par un vague fil conducteur…

- Vous dédicacez ce roman à S.K. Sheldon, première auteur féminine de la collection. A-t-elle participé à la conception de ce livre?

S. K. Sheldon, alias Élisabeth Campos, était devenue ma femme en 1990, voilà tout ! À l'époque où elle avait envoyé son roman, nous n'étions pas encore mariés mais elle avait soigneusement caché notre relation à Daniel Riche, histoire qu'il ne suive pas le mien à la corbeille...


- Avez-vous été en rapport avec Juliette Raabe, directrice de la collection à cette époque. Et si oui, quels en sont vos souvenirs?

Oui, nous nous sommes même vus à Paris une ou deux fois. C’est quelqu’un de charmant et de compétant. Une véritable directrice de collection qui aimait et connaissait bien la littérature populaire. Nous avons évoqué l’idée que Les démons d’Abidjan soit le début d’une petite série tournant autour d’histoires typiquement africaines mais la mort brutale de la collection a mis fin à l’affaire. Mon roman a d’ailleurs bien failli ne pas sortir. Il était prévu pour le mois de septembre 1990 mais, au dernier moment Juliette Raabe, qui ne savait pas alors que sa direction avait décidé d’arrêter la collection, l’a avancé au mois de juillet car la Côte d’Ivoire faisait parler d’elle dans l’actualité, déjà pour des troubles graves. On peut dire que j’ai été sauvé par le gong !


- Enfin, vous restez très actif dans l'écriture. Quels sont vos projets en ce moment?

Je n’ai jamais cessé d’être auteur, traducteur et scénariste de BD professionnel à plein temps En ce moment, la BD domine mes activités. En novembre doit sortir le T3 de ma série de fantastique historique  Millénaire aux Humanoïdes Associés et en janvier 2006, ce sera au tour du T2 de Russell Chase, toujours chez les Humanos, une série mêlant aventure moderne et cryptozoologie. En novembre, je publie également  Les énigmes de l’étrange, un livre en collaboration avec Yves Lignon et Jocelyn Morrison aux éditions First. Ce sera mon septième essai sur le Paranormal et autres mystères, une de mes autres passions.

Merci beaucoup , monsieur Nolane!

P.S: Cette interview n'est pas copyrighté. Toutefois, je compte sur l'honnêteté des lecteurs pour me demander ainsi qu'à monsieur Nolane l'accord pour la reproduction partielle ou entière de cette interview. Merci!

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Commentaires
J
Comme celle de Brice Tarvel, cette interview est sympa à lire. Ce blog ne semble plus être mis à jour, mais si son auteur est intéressé, je connais un des auteurs de la collection.
La Collection gore et maniac
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