Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Collection gore et maniac
31 juillet 2005

Gore: Interview de Brice Tarvel, auteur du gore n.117

phototarvel11

Brice Tarvel

Brice Tarvel, encore surtout connu pour ses scénarios de bandes dessinés telles que Mortepierre, a également écrit de nombreuses nouvelles et romans. Parmi ceux-ci, cinq sous le pseudonyme de François Sarkel. C'est sous ce nom qu'il écrivit "La chair sous les ongles" . Première interview du site et découverte d'un auteur. Souhaitons un avenir plein de romans à venir à monsieur Tarvel.

- Vous avez écrit ce livre comme les autres parus au fleuve noir sous le pseudo François Sarkel. D'où vient ce nom de plume? 

J’écris dans des genres très différents et pour des supports tout aussi variés, alors je choisis des pseudos afin de cloisonner un peu. Par exemple, pour l’hebdomadaire « Nous Deux » (on est très loin du gore), j’ai eu entre autres le pseudo de Roseline Joncel. Ces noms d’emprunt sont choisis comme la plupart de ceux de mes personnages, uniquement à la sonorité. François Sarkel n’échappe pas à la règle, sauf que François est mon second prénom à l’état civil.

- Comment avez-vous été amené à écrire "La chair sous les ongles"?

On parlait beaucoup de cette collection à l’époque. C’était comme une sorte de coup de poing dans le monde de l’édition de romans populaires. Je voulais depuis très longtemps tâter du roman, mais je me trouvais englué dans la BD et ne disposais pas du temps nécessaire pour m’atteler à la tâche. Et puis, brusquement, je me suis retrouvé sans boulot, de sorte que j’ai pu me mettre à écrire ce que je souhaitais vraiment. Je l’ai fait seul dans mon coin, sans que personne sache et attende quoi que ce soit, tout comme le roman de SF « Dépression » qui a suivi, puis j’ai envoyé par la poste. Si j’ai choisi de pondre un gore, c’est sans doute parce que je sortais d’une longue collaboration avec les éditions catholiques Fleurus et qu’il me fallait grandement changer d’air. Je venais de lire un bouquin sur le cannibalisme (éditions J’ai lu, « L’aventure mystérieuse ») dans lequel il était question d’un type possédant un estomac de taille monstrueuse. Je suis parti de là, puis ai écrit sans plan, sans rien d’autre, en improvisant comme je le fais presque toujours.

- Etrangement ce roman a été annoncé comme le numéro 11 de la collection Maniac en 88 pour finalement sortir dans la collection gore EN 90, ce relais s'est-il fait facilement?

Le roman fut envoyé au Fleuve Noir et atterrit entre les mains de Daniel Riche, qui était le  directeur de collection. Comme il se trouvait sur le point de partir chez Patrick Siry qui montait sa propre maison d’édition, il a emporté le manuscrit avec lui pour le faire paraître dans la collection Maniac. C’est ainsi que « La Chair sous les ongles » fut annoncé avec le numéro 11 chez Siry. Si j’ai bien tout compris, Patrick Siry est malheureusement tombé dans une sorte de traquenard qui l’a obligé à mettre prématurément la clé sous la porte, si bien que mon roman n’est jamais sorti chez lui. Il ne me restait plus qu’à le réexpédier au Fleuve Noir, ce que je fis. Juliette Raabe, nouvelle directrice de la collection gore, l’accueillit sans problème et avec sa gentillesse habituelle.

- Votre roman se déroule dans la région Rémoise. Vous êtes vous inspiré de lieux que vous connaissez?

Je suis né, vis à Reims, et sûrement que j’y serai enterré. Les romans se déroulant à Reims n’étant pas si nombreux, j’ai choisi ma bonne ville pour cadre. Une telle débauche d’horreurs dans une cité si paisible, je trouvais cela d’autant plus amusant. Et puis, comme il me fallait déjà improviser, je supprimais le problème de la documentation. Le roman se passe même dans le quartier où j’habite. Le roman « Silence rouge » (collection Angoisses du Fleuve Noir), que j’ai écrit peu après et qui devait être mon second gore, se déroule lui aussi à Reims, dans le quartier de mon enfance.

- Les romans de la collection gore sont réputés pour être "coupés" ou "remaniés" pour le format. Est-ce le cas de votre livre?

Non. Par crainte de la censure, Juliette Raabe m’a seulement demandé de remplacer par une vieille femme la fillette que je faisais trucider par mon vorace héros. Est-ce mieux de tuer une vieille qu’une gamine ? Probablement que oui, mais bon…

- Votre roman parle de passage à l'âge adulte du héros Gilbert Joussin en quelque sorte. Etait-ce un thème conscient?

Non, pas du tout. Rien qu’un effet de cette fameuse improvisation.

- Le cannibalisme est un thème souvent employé dans les livres de la collection gore. Ce thème vous a t il été imposé?

Rien ne m’a été imposé. J’ai expliqué plus haut comment cela s’est passé.

- Avez-vous côtoyé la directrice de la collection Gore de l'époque, Juliette Raabe. Et si oui, quels en sont vos souvenirs?

C’est une dame charmante, pas du tout le genre de personne qu’on imagine à la tête d’une collection gore. Nous nous sommes téléphonés plusieurs fois, puis je l’ai rencontrée brièvement – trop brièvement – à la brasserie de la gare de l’Est. Elle a bu un thé, m’a fait ironiquement remarquer que l’aurais pu payer l’addition juste avant qu’on se sépare. Je n’étais guère riche à l’époque (cela n’a pas beaucoup changé depuis) et je planais un peu à cause de tout ce qui m’arrivait. Ce sont mes seules excuses.

- Depuis votre carrière s'est tournée vers la scénarisation de bandes dessinées. Quels sont vos projets actuels?

Après mes trois premiers romans, la BD m’est retombée dessus. C’est plus facile d’écrire un scénario de BD et ça paye mieux, tout simplement. Mais je préfère mille fois le roman. Mon pseudo Brice Tarvel est devenu un peu connu grâce à la BD, de sorte qu’à présent je n’utilise plus que celui-ci pour tout ce que j’écris. J’ai trouvé le temps de pondre deux romans d’aventures fantastiques en 1995 pour le Fleuve Noir (« La Vallée truquée » et « Les Chasseurs de chimères » - collection Aventures et mystères). Un troisième est demeuré dans un tiroir après l’arrêt de cette collection. Depuis, rien que des nouvelles et des petits récits pour la jeunesse, et puis mes séries de BD, bien sûr. Quand le remplissage des bulles m’en laisse le temps, je suis toutefois en train d’écrire un gros bouquin de SF qui reprend, sous une forme différente, le thème de ma série BD « Sylve », qui a été stoppée à la suite de la défaillance du dessinateur travaillant dessus. Plusieurs tomes sont prévus, mais trouver le temps d’écrire tout cela ne sera pas facile. En tout cas, mon désir de bosser au maximum sur des romans de toutes sortes est énorme.

Merci beaucoup, monsieur Tarvel!

P.S: Cette interview n'est pas copyrighté. Toutefois, je compte sur l'honnêteté des lecteurs pour me demander ainsi qu'à monsieur Tarvel l'accord pour la reproduction partielle ou entière de cette interview. Merci!

Publicité
Commentaires
J
Petite interview sympa et bien menée, ça permet d'en apprendre un peu sur l'envers de cette collection, et se replonger dans l'esprit BD/romans populaires des années 80 / début 90. Merci pour le boulot !
S
tres instructif ! terrible ! exellent travail !!!!
La Collection gore et maniac
Publicité
Publicité