Gore 118: Les démons d' Abidjan - Richard D. Nolane

" Lorsque le mouvement de râpe sur le crépi cessa, la figure de Sébastien M' Koto ressemblait à une pizza aux fruits de mer dont la garniture glaireuse aurait laissé transparaître par endroits le blanc d'une pâte mal cuite"

Abidjan, 1981.

Alors qu'ils viennent de faire l'amour, Sandra Miller et son amant Amadou Kouadio, défini comme "un jeune loup du ministère du tourisme" ivoirien, sont massacrés par une créature immatérielle, sortie toute droit d'un masque offert par un étranger. Sur la scène du drame, Sébastien M' Koto, le boy de Sandra, qui jouait les voyeurs de leurs ébats, est également sauvagement tué par le monstre. Cette troisième victime inattendue semble donner une force nouvelle à la chose, qui s'enfuit au lieu de retourner dans son masque maudit.

Apprenant la mort de son ex-femme, le professeur Robert Mornay, enseignant américain expatrié spécialisé dans l'étude de l'animisme local, décide de mener son enquête, accompagné de son assistant Seydou Koudpiga et de la journaliste Anette Sisko. Les compagnons sont très vite confrontés à des difficultés avec les autorités locales et le commissaire Léonard Diarassouba en particulier. Pourtant, ils doivent arrêter la machination préparée par un inconnu revanchard, utilisant la malédiction des six visages du Djéti-tié, tueurs invincibles venus d'une autre dimension, pour éliminer des hauts dignitaires de l'administration ivoirienne.

Le dernier livre de la collection gore est un court roman d'épouvante exotique, enchaînant sans trop de temps morts péripéties et poursuite de l'enquête. Entre les lignes du roman, on ressent une critique évidente de la corruption des autorités et des hommes d'influence ivoiriens. Tous semblent s'intéresser aux pots-de-vin, aux orgies organisées sur des yachts et font preuve d'un racisme plus ou moins latent. La corruption des autorités est même au coeur des motivations qui poussent le mystérieux commanditaire des monstres immatériels à agir.

Toutefois, à la grande surprise du lecteur, Richard D. Nolane décide de révéler au milieu du roman la personne responsable de la malédiction pour une intrigue secondaire intéressante mais déroutante. L'enquête des trois héros en devient moins intéressante et l'intrigue secondaire nous tient plus en haleine.

La fin du roman est grandiloquente à souhait avec un Djéti-Tié lâché dans la vieille ville et prenant ses victimes parmi les passants. D'ailleurs, les monstres sanguinaires et griffus, en apparence invincibles, sont des créatures très intéressantes et font leur petit effet dans l'imagination du lecteur.

Il est à noter que l'auteur s'est peut être servi de ses connaissances de la Côte d'Ivoire pour ce roman bien mené, comme il semblerait qu'il y ait vécu à la fin des années 60. L'un dans l'autre, c'est un roman assez peu graveleux mais exotique et bien rythmé dont il est question ici.

Comments

[black_djak]

Le dernier de la série qui m'a été envoyé par l'auteur dédicacé via ebay voilà une dizaine d'années.
Ah que de souvenirs j'avais 15 ans quand ils sont sortis et je les achetais tous. Aujourd'hui il ne me manque que le numéro 114 que je compte bien trouver un jour.
Bravo pour le blog !

[Le chroniqueur]

J'espère amener autant d'ampleur que possible à ce projet: images, chroniques, etc...Donc, ce genre de message fait plaisir!

[Buralo66]

Merci pour le boulot, hein, y'a pas beaucoup de commentaires mais ça ne veut pas dire que personne ne lit !